Retour à tous les événements

Au-dessous des choses


Les toiles de Clarisse Leardi et Claire Colin-Collin convoquent le regard et invitent à une contemplation où des oeuvres sans titre, silencieuses et empruntes de pudeur, proposent des récits sans paroles. Leur vraie signification semble repliée dans l’acte même de peindre.

Par un processus d’observation méticuleux, Clarisse Leardi restitue l’apparente complexité de quelques objets choisis : la nacre d’un coquillage accrochant un rayon de lumière, le détail minutieux d’un tissu ancien, les sillons formés à la surface d’un papier froissé.

Prévenant l’épuisement du motif, l'oeuvre opère une transfiguration. Un glissement naît d'un moment de lâcher-prise, où s’entremêlent l’impression immédiate de l’artiste et la réalité physique de l’objet figuré.

Cette transposition induit une dégradation du sens premier par l’isolation des formes, l’altération des couleurs et de la matière, qui révèlent la capacité profonde de la peinture à jeter un voile de mystère sur le plus modeste des objets terrestres.

L’élément inerte devient alors sensible et s’offre sur la toile comme une chose animée.

Là où Clarisse Leardi semble figurer une abstraction, Claire Colin-Collin tend à abstraire une figuration en une quête obstinée à saisir l’ineffable, par un processus qui repose sur la répétition créative d’une méthode simple.

Au commencement, la conception du fond de la toile s'amorce via un phénomène de transparence, d'entrelacements et de recouvrements, qui découlent d'une accumulation de couches fines et liquides de peinture, sans intervention directe du tracé. Une procédure où l'artiste s'immerge dans un espace de concentration et s’absorbe dans l’exécution des mouvements préparatoires.

Enfin, conduite sans intention propre vers le moment du geste - instant singulier laissant un signe remonter à la conscience affective - l’artiste inscrit une ultime forme à la surface de la toile. Curieuse contradiction qui peut évoquer l'émergence d'un univers, d'une idée ou de la vie, telle qu'elle dut surgir d'une soupe primordiale, naissance d'un instant, d'un éclair créatif commun à toutes les humanités.

Précédent
Précédent
1 septembre

Mine de rien, La saison du dessin

Suivant
Suivant
7 mars

Carte Blanche chez Invisible Galerie, Simon Ortner, Delphine Trouche et Marta Santos